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Le laïc et l’Église
Hans Urs von Balthasar
Original title
Der Laie und die Kirche
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Language:
French
Original language:
GermanPublisher:
Saint John PublicationsTranslator:
Community of Saint JohnYear:
2022Type:
Contribution
L’Église a trois niveaux. Le premier, le plus intérieur, est le fondement éternel et historique de sa naissance, où elle devient elle-même et où elle devient le sein de toute chose en elle. C’est le lieu de l’incarnation de Dieu, de sa descente dans la chair de la Vierge et dans sa propre chair ; les deux sont une chair, la christologie est inséparable de l’ecclésiologie, la formation de l’union hypostatique se produit en Marie non sans son approbation et sa collaboration ; en tant que telle, elle est déjà un mystère sponsal, ecclésial. Ce premier niveau est supra-ministériel (ou supra-sacramentel) ; on peut aussi l’appeler, selon une ancienne tradition ecclésiale, sacramentel-total, en ce sens que tous les sacrements particuliers et tout ministère sont enracinés dans la sacramentalité totale de la chair de Jésus Christ (comme corps historique, eucharistique et mystique). Le deuxième niveau est celui du ministère (du sacramentel) et de la hiérarchie, qui représente, pour la période qui sépare l’incarnation de l’avènement du royaume à la fin des temps, la structure de l’Église fondée par le Christ lui-même, en rien dépassable ni relativisable. À ce niveau règne l’opposition relative entre prêtre et laïc. Le troisième niveau est « infra-ministériel » (infra-sacramentel), c’est la vie chrétienne des membres de l’Église, qui est la finalité du premier comme du deuxième niveau ; cette vie chrétienne n’est en effet rien d’autre que le déploiement de la raison d’être ecclésiale, à travers les sacrements, dans les membres, les sarments de la vigne. Selon cette fin, le prêtre et le laïc ne se distinguent plus foncièrement l’un de l’autre, bien qu’ici reviennent au laïc, en raison de sa place dans le monde créé, des fonctions et des tâches particulières. Car la fin de la réalité ecclésiale totale est le salut du monde et son retour dans la maison du Père, et l’Église, en tant que société surnaturelle de ceux qui ont reçu la grâce et ont été incorporés au corps du Sauveur, ne se pose pas elle-même comme un but en soi, mais présuppose pour son existence, son sens et sa fin le monde créé, vers lequel elle s’ouvre de tout son être et s’engage de toute son action. Dans la mesure où le monde est le royaume de Dieu en devenir et l’Église le levain agissant en lui, les deux ne sont pas séparables de manière adéquate. Seul un regard superficiel peut nommer l’Église societas perfecta « à côté » de la société séculière (nationale). D’une part, dans l’Église aussi, ce qui fait sa matière est la nature, le monde avec son ordonnancement et ses lois, par exemple la famille, mais aussi les structures sociales de la société ; d’autre part, la matière de la société séculière n’est pas simplement séculière mais aussi chrétienne (et donc ecclésiale), en ce sens que les membres d’une nation sont des chrétiens et plus généralement des personnes se tenant dans le domaine de la grâce et du salut. C’est dans cette zone frontière que, de par ses origines, le laïc évolue, et cette frontière est si fluide qu’il est impossible de distinguer nettement là où le chrétien laïc agit en tant que membre de l’Église dans l’Église, et là où il agit en tant que membre et représentant de l’Église dans le monde non ecclésial. Cette existence à la frontière (entre Église et monde) n’est en rien éloignement du centre, mais bien plutôt existence ecclésiale centrale, car l’Église elle-même est le lieu de l’incorporation permanente de Dieu dans le monde, une réalité rayonnant et jaillissant au-delà d’elle-même.
1. Le fondement supra-ministériel de l’Église
Nous méditerons tout d’abord ce fondement en lui-même, puis en tant que fondement du ministère, et finalement de la vitalité infra-ministérielle. La racine à partir de laquelle l’Église se déploie est l’incarnation du Fils de Dieu, du Verbe du Père, en qui déjà tout a été créé, orienté vers son retour à la plénitude des temps. Le Dieu fait homme ne pourrait être l’oméga s’il n’était déjà l’alpha de toute la création, le premier-né en qui toute chose a sa consistance, y compris l’ordre de la création avec ses lois qu’il finira par inclure dans l’ordre du salut, progressivement, avec l’incarnation, l’Église, l’avènement du royaume. La loi fondamentale de l’ordre du salut c’est la substitution. Lorsque le Fils, qui représente tous les hommes devant le Père, va chercher pour se faire homme l’accord de l’humanité, c’est celui d’une femme particulière (consensus virginis loco totius humanae naturae, S.T., III, q. 50, a. 1c), et lorsque cette Vierge sera devenue l’Église-Épouse, son oui sera également un oui de substitution pour toutes les générations. Il en est ainsi parce que l’ordre de la rédemption est un ordre du sacrifice, et la lance qui transperce le Fils est en même temps les sept glaives qui transpercent la Mère-Église. Substitution signifie élection pour les non-élus, comme ce fut déjà le sort et la mission d’Israël, et comme la méconnaissance de ce sens de l’élection, son rejet sur l’élu lui-même, fut déjà le tragique d’Israël. Le mystère de l’élection de Marie-Église pour une co-fécondité corporelle et spirituelle sous la croix demeure le plus profond et le plus insondable de tous les mystères catholiques : celle qui fut sauvée à l’avance par la croix devient co-responsable de la rédemption, rendue participante – par la grâce seule ! –du plan du salut dans son ensemble. On se réfère foncièrement au même mystère en nommant Marie médiatrice de toute grâce et en disant de l’Église qu’hors d’elle il n’y a point de salut, car on dit à chaque fois que toute grâce, qui est transmise au monde par le Christ seul (et possède donc une figure christologique et incarnée), possède aussi un caractère marial et ecclésial, selon la disposition libre et gracieuse du Seigneur. Le Père n’a pas précipité le Fils dans un monde purement opposé à Dieu, mais il a construit en Israël un chemin de grâce menant jusqu’à lui, qui en se rétrécissant aboutit à la pureté de la Vierge. La plénitude de la grâce qui descend du Ciel épouse la grâce préparée sur terre : le oui de Marie (et avec lui notre oui à tous) entre et se déploie dans le oui total (2 Co 1,19-20) du Christ au Père. Le oui de la servante se soumet au oui royal qui prend lui-même forme d’esclave et qui, une fois glorifié, emporte avec lui dans la gloire de son royaume le oui de la servante. C’est à partir de ce mystère nuptial, en tant que participation à celui-ci que les deux réalités s’éclairent : la fondation du ministère et des sacrements comme structure de l’Église, et la vie chrétienne comme sa plénitude et son but. Le ministère dans l’Église a le but d’apporter à chaque croyant le mystère originel de l’Église, intact, inentamé par les rétrécissements humains et le péché. Le contenu de ce que le ministère transmet, dans sa triple figure de ministère de prêtre, prophète et pasteur, est ce seul mystère : la vie divine trinitaire, dans la figure incarnée de l’amour entre le Christ et son Église. Mais la forme particulière du ministère elle-même, le vase dans lequel le Seigneur de l’Église distribue le trésor de la grâce, n’est pas fait non plus d’une autre étoffe : le ministère n’est aucunement le contraire de l’amour et de la vie ; il n’a rien du corps étranger, plaqué de l’extérieur. Il est l’amour cristallisé, comme l’eau ayant pris la forme de la glace pour un temps : le temps de l’hiver jusqu’au jugement dernier, le temps où nous « cheminons loin du Seigneur » et où n’étant pas encore séparés du monde du péché, nous avons besoin de discipline et de sévérité impersonnelle. À dire vrai, en Marie, dans le mystère du sein de l’Église qui possède déjà le caractère immaculé eschatologique, cette forme, qui prolonge la hiérarchie vétéro-testamentaire, est toujours déjà dépassée. Mais nous ne sommes pas Marie, ni l’Église-Épouse ; nous sommes des pécheurs qui avons toujours à nouveau besoin de purification et de sanctification ; pour nous le triple ministère de l’Église demeure jusqu’à la fin indépassable. N’oublions simplement jamais que celui-ci est lui-même, de part en part, l’amour incarné de Dieu pour nous. Le ministère a pour but de susciter le troisième niveau, la vie chrétienne dans l’Église. Celle-ci est la plénitude déployée du mystère originel. La foi, l’amour, l’espérance et toutes les vertus sont ce déploiement de la fécondité sponsale la plus intime, et les vertus sont des fruits seulement en ce qu’elles sont fécondes à leur tour : nouvelles semences et graines de la vie originelle qu’elles déversent dans le monde. Et il y a dans la vie chrétienne, par l’intermédiaire des sacrements et du ministère, mais non pas identiques avec eux, des formes particulièrement étroites et centrales de participation au mystère supra-ministériel et sacramentel-total, c’est-à-dire ces formes de vie qui font expressément de la loi de vie mariale-ecclésiale leur propre loi : l’entrée avec toute son existence dans l’obéissance, la pauvreté et la virginité de la croix et du salut. C’est pourquoi les vœux, qui conduisent à cette forme de vie ecclésiale totale, ne sont pas un huitième sacrement à côté des autres.
2. La structure ministérielle de l’Église
La structure ministérielle de l’Église relève de la plus haute sagesse du fondateur de l’Église, mais aussi d’une création libre de sa part. Elle ne se laisse déduire a priori ni de ce qui a été dit sur le fondement de l’Église, ni de l’analogie avec d’autres religions et groupements semblables à l’Église. Elle est une fondation positive qui n’est à relativiser ni au nom du libéralisme, ni au nom de la théologie historique (Tertullien, Joachim de Flore, les Réformateurs), et dans ce sens elle est aussi originelle que le mystère fondateur supra-ministériel de l’Église lui-même. Elle fait partie de la visibilité de l’Église en ce monde, à tel point que Marie aussi, en tant que membre visible de la chrétienté, se tient sous la conduite de Pierre.
Mais ce ministère comporte plusieurs aspects d’égale importance. Sous un premier aspect, véritable mais extérieur, le prêtre et le laïc se font face comme l’homme avec ministère et l’homme sans ministère. Car s’il y a bien dans le corps qu’est l’Église maintes fonctions, charismes, missions qui reviennent au laïc, on ne peut jamais les placer en comparaison ou en concurrence avec le ministère hiérarchique, ou relativiser celui-ci par rapport à ceux-là, ou ne considérer la hiérarchie que sous l’angle historique, comme émanant des charismes originels, ou encore placer la hiérarchie et les charismes comme deux fonctions du corps à égalité de droit, provenant du fond maternel commun de l’Église supra-ministérielle. Mais on considérera en même temps que ce premier aspect, où ministère et non-ministère paraissent se faire face comme un plus et un moins, est une relation et une comparaison dans l’ordre surnaturel, dans la communion des saints, où il n’y a aucune « propriété privée » spirituelle. Le « plus » du ministère n’« appartient » pas au ministre mais à l’Église et ainsi à tous les croyants ; le ministère n’est pas un but en soi mais un service, le ministre étant, uni au Seigneur, le serviteur de la parabole, qui se tient debout pour servir ceux qui sont assis à table (les laïcs). Les apôtres ne se tiennent pas en apparence ou « par humilité », mais réellement « à la dernière place » (1 Co 4,9). Celui qui assume un ministère est élevé seulement dans la mesure où il s’abaisse avec le Christ. C’est pour cette seule raison que le laïc lève les yeux vers l’homme du ministère, comme Pierre lève les yeux vers le Christ agenouillé devant lui. « Que le plus grand parmi vous se comporte comme le plus petit, et celui qui commande comme celui qui sert. Car lequel est le plus grand : celui qui est à table ou celui qui sert ? » (Lc 22,26-27). Il n’y a dans l’Église aucune autre dignité ni autre honneur que l’amour qui s’abaisse et se donne.
Sous un deuxième aspect, le prêtre et le laïc apparaissent comme celui qui partage et celui qui reçoit les grâces de la rédemption communiquées par l’intermédiaire du ministère sous la forme des sacrements, de la parole et du gouvernement. Or, la capacité de recevoir des grâces n’est pas une « passio » mais une forme particulière de l’actio, dont le laïc est rendu fondamentalement capable par le sacrement du baptême, et toujours mieux renouvelé en cet état par d’autres grâces et sacrements. On peut comparer cette relation de partage et réception (comme articulation foncière dans le deuxième niveau de l’Église) à la relation du Père et du Fils, car dans le déroulement du salut, l’amour de Dieu le Père revêt aussi des traits ministériels (éminemment à la croix) et la liberté souveraine du Fils les traits de l’obéissance qui accueille (Jn 5,19) ; c’est uniquement comme serviteur du Père qu’il devient Seigneur de l’Église servante. Seulement que l’on n’oublie pas l’Esprit Saint d’amour, dans lequel l’unité du Père-ministère et du Fils-service se manifeste chaque fois comme amour. On peut comparer également cette même relation (par voie de conséquence) avec l’homme et la femme ; la « passivité » de cette dernière n’a rien à voir avec l’inactivité ou l’indifférence. Son caractère de vase, de sein, est de manière naturelle et spirituelle la correspondance exacte de la potentialité de l’homme, qui n’a de sens qu’en vue d’elle ; son accueil de l’homme s’accomplit selon la nature dans un acte total d’amour dans lequel en recevant elle n’est pas moins active que l’homme, mais active d’une manière autre, féminine ; porter la semence de l’homme et donner naissance sont le but de cette union et montrent pleinement combien son rôle de réception était actif. (On pourrait retourner la question et se demander si les époques qui ont sous-estimé le rôle et la place de la femme ne sont pas celles-là mêmes qui ont eu une piètre idée des laïcs.) Qu’on ne conclue pas de cette comparaison qu’il y a « égalité de droit » dans l’Église entre prêtre et laïc. Il faut plutôt dire que le prêtre et le laïc, chacun dans son état particulier, forment ensemble l’unique « sacerdoce royal et prophétique » de l’Église, si bien que le ministère et toutes ses fonctions trouvent leur sens et leur raison d’être uniquement dans cet ensemble, que donc l’opus operatum des sacrements et de la messe, en particulier intérieurement, est seulement possible dans l’implication de la communauté qui l’accueille, qui se tient là, participe à la célébration et à l’offrande, acquiesce et donne à l’œuvre du salut sa plénitude et son achèvement. Tout ce qui relève du ministère se tient dans la parenthèse entre vie et vie : vie du Christ et vie des membres ; il n’a sa fonction qu’en faisant passer l’étincelle de l’un à l’autre. La « foi de l’Église » est le milieu spirituel à l’intérieur duquel l’acte ministériel peut déjà se produire ; ce milieu, les laïcs et les prêtres le constituent, à égalité de droit. Ils ont ici une proximité au mystère de Marie, qui est l’espace de l’acquiescement et ainsi de la possibilité de l’incarnation de Dieu. Dans la mesure où l’Église en tant qu’Épouse est toujours présente, la validité d’une messe ne dépend pas de la présence d’un laïc (un servant de messe ou un fidèle) ; mais celui qui participe et acquiesce à la célébration multiplie la fécondité de l’action, aide à ce que l’acte ministériel atteigne davantage son but : l’épanouissement d’une nouvelle vie de grâces dans l’Église et l’humanité.
Sous un troisième aspect, il faut considérer que la vie de grâce communiquée par le ministère et les sacrements est l’octroi d’une participation au sacerdoce commun, royal et prophétique de Jésus-Christ, tels que ces trois ministères (qui ne sont pas séparables à proprement parler) ont été accomplis par le Christ en lui-même selon l’ordre d’Aaron et de Melchisedech et tels qu’il y fait participer tous ses membres, fondamentalement et équitablement, en tant qu’unique roi, prophète et prêtre. Tous possèdent la liberté royale des enfants de Dieu, tous sont consacrés dans la vérité tout entière et participants de l’enseignement divin (Jn 6,45), tous prennent, comme Église, une part active au sacrifice spirituel du Christ par un véritable sacrifice spirituel. Tout cela est certes transmis depuis la tête de l’Église par l’intermédiaire de la hiérarchie, ce qui ne veut pas dire pour autant qu’on en fait partie soi-même. On traitera mieux de ceci dans le troisième point principal, où il sera question de la vie des croyants.
Un quatrième aspect cependant nous montre le laïc participant au ministère lui-même. Non qu’il aurait reçu participation aux pleins pouvoirs et aux fonctions spécifiques du sacerdoce hiérarchique (sinon il cesserait d’être laïc), mais en ce sens qu’il peut exercer certains droits et poser certains gestes à l’intérieur du domaine régi par la hiérarchie, qui soit lui reviennent de droit en tant que chrétien, soit lui ont été remis en particulier par la hiérarchie. Dans le domaine du sacramentel : tout chrétien, homme ou femme, peut baptiser, introduire quelqu’un dans l’Église. L’exercice de ce pouvoir, qui revient également aux non-chrétiens, n’est autorisé par le règlement de l’Église qu’en cas d’urgence. Les chrétiens peuvent se donner réciproquement le sacrement du mariage, ce qui manifeste combien le mariage possède un lien étroit avec la sacramentalité totale, supra-ministérielle de l’Église (comme image de la relation Époux-Épouse). Il faut pourtant rajouter que ce pouvoir, qui brise en apparence l’ordre sacramentel hiérarchique, repose d’abord sur la situation d’exception du mariage en tant qu’institution d’ordre naturel qui est ici élevée dans le domaine surnaturel et sacramentalisée. Une seule analogie à cela, imparfaite, se trouve dans la confession, car là aussi les actes du pénitent, la contrition et l’aveu des péchés, appartiennent à la substance intime du déroulement sacramentel, tandis que d’un autre côté, dans l’absolution, c’est un moment de réconciliation avec l’Église qui est signifié, laquelle pourrait être représentée de manière authentique, même si ce n’est pas hiérarchique, par un laïc. C’est pourquoi de nombreux grands théologiens, parmi lesquels saint Thomas, ont attribué à la confession à un laïc, qui était pratiquée en Occident entre l’an 1000 et 1500 environ, un effet quasi-sacramentel (IV Sent., d. 17, q. 3, a. 3, qla. 2, ad. 1). Le prochain chrétien n’est pas un homme quelconque ; en lui réside le Christ ; il peut transmettre le Christ et l’Église, sa présence dans la vie d’autres hommes peut devenir une présence véritable et agissante du mystère de la Rédemption. Dans les miracles et les pouvoirs (non hiérarchiques) de l’amour du prochain, le monde – croyant et incroyant – peut et doit appréhender la force de la chrétienté. Sans empiéter pour ainsi dire sur le sacrement de la confession comme tel, qui est à transmettre par le prêtre seul, on pourrait se demander jusqu’à quel point un médecin, un juge ou un éducateur chrétien, au cas où quelqu’un lui ouvrirait sa conscience, n’aurait pas la possibilité de prétendre, dans son rôle de médiateur menant à Dieu, au « quodammodo sacramentalis » de saint Thomas. Il faut dire finalement que le baptême confère au chrétien un « sacerdoce royal » dans un sens qui n’est pas seulement spirituel (comme offrande de sa propre vie à Dieu) mais aussi sacramentel (sans être hiérarchique), dans la mesure où il devient un membre de cette Église qui est toujours dans sa totalité le sujet de la célébration eucharistique et ne peut pas, en tant que telle, se passer fondamentalement de la foi et de la prière de l’assemblée pour la plénitude de l’offrande du sacrifice. La plebs tua sancta, mentionnée dans le canon, en fait fondamentalement partie en ce qu’elle apporte son approbation et même sa collaboration dans la prière et le sacrifice1.
Si l’on met ensuite l’accent sur la royauté dans le triple visage du ministère, ce qui correspond dans la hiérarchie à la fonction de pasteur, il peut y avoir là aussi une certaine participation des laïcs ; que l’on pense seulement au rôle des princes, depuis Constantin et Charlemagne, aux droits qui revenaient aux laïcs, à certaines époques, dans le choix des responsables ecclésiaux, leur participation aux conciles, la gestion des biens de l’Église, etc. Ces actes et ces tâches officiellement autorisés et reconnus par l’Église ne laissaient certes jamais les laïcs exercer de véritables fonctions hiérarchiques, mais leur donnaient pourtant une certaine participation à celles-ci. Ce que signifie cette distinction, on le mesure bien avec le troisième aspect du ministère, la fonction d’enseignement. Bien qu’il ne soit pas question que les laïcs puissent se charger de la fonction hiérarchique de la proclamation d’autorité de la Parole de Dieu à l’Église, il y avait et il y a encore, à bon droit, une certaine prédication laïque et une annonce laïque de la Bonne Nouvelle, avec l’approbation silencieuse ou explicite de la hiérarchie, voire au nom de celle-ci. Nous ne parlons pas encore de l’annonce de la Bonne Nouvelle qui est un devoir pour chaque chrétien comme apostolat de la vie chrétienne – par la parole et par l’exemple – (ce sera traité dans le troisième point), mais de la participation explicite à la prédication hiérarchique. Il y a la Missio canonica, qui confie aux laïcs en tant que catéchistes l’enseignement public au nom de l’Église. Il y a dans l’histoire de l’Église, sur de longues périodes, la prédication laïque, celle des charismatiques dans l’Église primitive, bénie par saint Paul, celle faite devant l’assemblée, introduite dans la liturgie, telle qu’elle s’est pratiquée au moins jusqu’au IVème siècle ; les prédications laïques du Moyen Âge, autorisées de manière limitée à de petits cercles ecclésiaux, tandis qu’à l’extérieur, en mission, elles sont restées normales jusqu’à aujourd’hui. Il y a l’autorité d’enseignement des parents vis-à-vis de leurs enfants, qui provient du sacrement et des règles ecclésiales (sans parler de l’ordre naturel). Il y a en plus de tout cela un charisme particulier d’enseignement, la prophétie, qui ne recouvre pas simplement ce que l’on appelle aujourd’hui la mystique, et qui, en tant que charisme ecclésial, donne le droit à celui ayant reçu l’Esprit d’être écouté par l’Église, même si ce n’est pas officiellement et par ordre du ministère (cf. Scheeben, Dogmatik, ch. 12, n° 166-167). Il y a, sous la direction et l’approbation du magistère ecclésial (l’imprimatur !), un large champ d’activité enseignante des laïcs sous la forme de l’écriture dans les domaines théologique, ascétique-spirituel et apologétique ; déjà du temps des Pères (qui souvent étaient connus comme théologiens laïcs et furent pour cette raison incorporés dans les rangs des clercs) et plus encore dans les Temps Modernes. Les dons de prophétie (au sens large : en tant qu’interprétation des choses divines, également de l’Écriture Sainte, tels que le Moyen Âge les comprenait), les « dons des langues » (également d’après l’interprétation médiévale d’une capacité à trouver les mots justes pour parler de ce qui est divin), les charismes de sagesse et de connaissance, du discernement des esprits, de conseil : tout ceci n’est pas lié à la consécration ministérielle. Les laïcs sont souvent empêchés par les seules contraintes de leurs conditions de vie extérieures de déployer pleinement dans l’Église les dons qui leur ont été octroyés.
Nous avons présenté tout ceci sous le point de vue de la structure ministérielle de l’Église. Le laïc ne fait pas partie de la hiérarchie ecclésiale par définition. Mais il est en lien étroit avec elle. Les deux états sont façonnés l’un pour l’autre par le Seigneur, ils prennent racine dans le fond maternel commun de l’Église, et plus encore dans le fond sacramentel commun du sacerdoce royal et prophétique, à partir duquel se dresse donc d’un côté le ministère hiérarchique comme dispensateur et gérant de la vérité et de la grâce, et de l’autre le sacerdoce laïc et spirituel comme récepteur (pour donner à son tour !) et réalisateur de ce qui a été reçu dans la sphère de la vie chrétienne. Le laïc considère avec un profond respect le ministère, sans la médiation duquel il n’aurait aucun accès à la source du salut. De son côté, le prêtre considère avec un profond respect le laïc, dans lequel il voit la fin et la destination de sa fonction de serviteur : « que chacun considère du fond du cœur l’autre comme plus grand que lui ».
3. La sphère de la vie
Le ministère est, pour ces temps derniers qui nous séparent du Jugement, l’enveloppe protectrice de la vie. Ainsi les sacrements sont-ils la garantie du Christ que sa grâce d’incarnation demeure à disposition, inchangée, ni rétrécie ni adaptée à l’étroite subjectivité des hommes, dans sa plénitude céleste insaisissable. Et le magistère et sa tradition apostolique sont la garantie que la vérité de Jésus-Christ dépassant tous les sens sera transmise intacte dans des formes et des formules qui la traduisent justement et qui en même temps la voilent justement et pourvoient à ce que, au jour voulu par le Saint Esprit, de nouveaux trésors insoupçonnés et inexploités de la Révélation puissent être dévoilés aux générations suivantes. Une grande partie de ce déploiement de la plénitude du Christ dans l’Église revient au peuple saint, au laos hagios. La vérité du Christ est vraiment une avec sa vie – divine ! – ; sa formulation théorique, telle que le magistère peut seul s’en occuper dans la prédication et l’instruction, demeure toujours bi-dimensionnelle ; le Christ, comme chemin, vérité et vie, est quant à lui tri- et pluri-dimensionnel. Paul parle sans arrêt de la surabondance de la vérité du Christ, qui dépasse tout ce qu’on peut fixer et comprendre, et de la nécessité pour nous de comprendre justement ce « par-dessus tout ». C’est seulement là où la vérité de la vie du Christ est vécue dans les millions de déclinaisons de l’existence chrétienne que le sens de la prédication et du sacrement est atteint : ce qui était caché dans la formule et dans le vase sacramentel se dévoile et atteint son but, la semence trouve sa terre, la forme et la formule leur vie. Ceci n’a rien à voir avec le modernisme. Dans l’ordre de la lettre et du concept, la lettre et le concept sont indépassables ; de même dans l’ordre du ministère (ceci contre Joachim), le ministère n’est dépassable par aucun développement. Mais dans la mesure où tout cela vise à la réalisation dans la vie, le ministère est dès le départ « dépassé » par celle-ci ; la vie a le strict devoir de passer de l’enseignement à la réalisation, de l’objectif au subjectif. C’est la sphère de la « liberté de l’homme chrétien », qui sort comme un fruit (ce que Luther n’avait pas vu) de l’obéissance hiérarchique. Cette sphère de la réalisation est au fond vraiment le centre de l’Église, même si ce centre a la particularité de se trouver à la frontière entre surnaturel et naturel. « Le champ c’est le monde » (Mt 13,38), le Royaume croît seulement à partir du terrain du monde, de la nature et de ses lois et structures, même si c’est aussi à travers le développement de ses lois à lui, contenues dans la semence céleste : la croix et l’amour. C’est donc une fausse perspective de regarder le ministère (dans son relatif détachement du monde et son aspect plus purement surnaturel) comme centre de l’Église, et la place du laïc comme à la marge de celle-ci, de considérer l’édification vivante de l’Église dans le quotidien, dans son rayonnement apostolique dans le monde, comme une sorte d’extension de l’Église hors de son domaine propre et héréditaire, pour un monde étranger, presque comme une œuvre de surplus, là où pourtant se vit son être le plus intime et nécessaire, où se joue son action naturelle. Ceci, nous le comprenons mieux aujourd’hui qu’aux premiers siècles chrétiens avec leur vision unilatérale eschatologique, et mieux qu’au Moyen Âge unilatéralement monastique, qui idéologiquement plaçait aussi les laïcs sous le signe de la vie monastique.
Il incombe au laïc, selon sa propre sanctification, de manifester la sainteté dans le profane, de réaliser le royaume de Dieu dans le royaume de ce monde. Seulement il ne doit pas oublier que jusqu’à la fin du monde cette réalisation ne peut être accessible en ligne droite, mais seulement à travers la croix, le scandale, la persécution et le martyre. Le caractère d’agonie de la vie et de l’action chrétiennes, la fragilité et peut-être la mort inéluctable de toute entreprise, l’effondrement de tout édifice dans les flammes du jugement dernier : tout cela ne justifie pas le déplacement du centre de la vie chrétienne hors du domaine de la vie dans celui des structures, hors de sa fin dans celui des moyens – simplement parce que les structures et les moyens, en vertu de la promesse divine, sont épargnés de ces dangers. La structure est l’écuyer qui se tient derrière le chevalier au combat, lequel ne peut pas de son côté chercher refuge derrière son serviteur.
Comme archétype du laïc on pourrait prendre l’artiste chrétien. Non parce que son activité est essentiellement différente de celle des autres laïcs, mais parce qu’en elle se laisse voir de façon symbolique l’action du laïc2. Le bâtisseur d’église doit manifester avec les moyens de la matière terrestre et de la technique séculière la sainteté, le surnaturel et le céleste ; oui, il doit aider l’Église elle-même à trouver une forme : pour l’Église et pour le monde environnant qui l’observe. Il doit donner à voir, par-dessus toutes les considérations de nécessité et d’utilité, la dimension esthétique de la vérité que les simples formules conceptuelles ne suffisent pas à exprimer et qui pourtant dans le mystère de l’incarnation doit jouer un rôle décisif. La beauté fait partie de la liberté ; sa protection incombe moins au ministère et à ses obligations qu’au domaine de la mise en forme vivante qui revient aux laïcs. Ce modèle de l’artiste est certainement trop étroit dans la mesure où celui-ci produit un art de l’Église d’abord pour l’Église, tandis que le laïc se tient d’abord dans le monde et doit introduire un esprit chrétien dans les professions et les structures. Mais c’est de toute façon impossible, comme on l’a déjà remarqué, de séparer purement et simplement entre un travail avec du matériau terrestre pour l’Église et un travail avec un esprit ecclésial dans le monde. Le moment où le laïc membre de l’Église devient représentant de l’Église dans le monde est insaisissable, car il n’existe pas. (On ne peut pas non plus dire pour un authentique artiste chrétien, comme Bach ou Mozart, lesquelles de ses œuvres sont spirituelles, et lesquelles séculières.) L’incarnation de la grâce invisible dans la visibilité du monde, c’est le tout de l’action chrétienne : celle des parents envers leurs enfants, des éducateurs qui doivent modeler la plus noble des matières, des médecins, des avocats et des juges, des penseurs et des organisateurs, des écrivains, des éditeurs et des libraires. Pour eux tous, la matière est séculière et en tant que telle une fois chrétienne, une fois non chrétienne. Leur action chrétienne, la semence du grain, le pétrissement de la pâte, la guérison et l’éducation, le jugement et l’appréciation, la séparation et l’union, le déracinement et la plantation : tout est action de l’Église dans le champ qui lui est imparti : le monde. Dans cette action, la vérité et la vie se montrent en prenant corps progressivement : avec les nouvelles réponses naissent sans cesse de nouvelles questions qui doivent se poser au laïc majeur et responsable, capable de décision. Il écoutera et suivra pour cela les directives du ministère ecclésial ; le ministère et ses représentants maintiendront de leur côté un dialogue authentique avec la vérité introduite dans la sphère de la vie, déployée en elle, et très souvent durement éprouvée. Le rôle, qui revient aux laïcs et qu’ils exercent toujours, d’information et de conseil du ministère ecclésial est aujourd’hui d’une importance croissante dans un monde où les compétences dans les domaines séculiers se différencient à une vitesse effrayante. Le bouleversement des couches sociales entre le Moyen Âge et les Temps Modernes qui a fait de l’Église, anciennement château entouré de remparts, une ville ouverte avec des faubourgs se perdant au loin dans le paysage, souligne clairement ce changement de la place du laïc. Les autorités romaines et les évêques et curés à l’esprit ouvert se sont depuis longtemps convaincus de l’incontournable nécessité pratique de consulter les laïcs, de constituer des commissions spécialisées, d’être prêt à faire confiance à leur voix là où elle témoigne d’une compétence professionnelle, et ils ont agi en conséquence. Il ne s’agit pas en cela de consulter des personnes étrangères et extérieures, mais des frères dans le Seigneur, que le même Esprit Saint anime et éclaire et qui, au nom de leurs charismes et ministères dans le Corps Mystique, sont rendus capables d’une parole à prendre pleinement au sérieux et y sont aussi presque toujours fermement décidés. Et tout le souci du ministère devrait s’appliquer à développer cet esprit de responsabilité chez les laïcs en les consultant mais aussi en leur faisant confiance et en cherchant à apprendre d’eux. Le ministère fera là l’expérience que le souci ainsi manifesté lui rapportera du fruit à soixante ou cent pour un. C’est seulement dans le laïcat que le plérôme du Christ peut se déployer ; le ministère a le devoir, pour tout ce qu’il possède et qui lui a été confié comme trésors de vérité et de vie de la part du Christ, de le faire pénétrer dans ce laïcat, seul lieu où la semence peut lever. On peut parler, avec le changement de situation, d’un certain changement aussi dans la forme du « sentire cum ecclesia » (un vis-à-vis en quelque sorte aux règles célèbres des Exercices), non en ce qui concerne le sentiment lui-même, mais sa manière de se manifester. À une époque d’abondante publicité, qui rend facilement public ce qui est dissimulé, en des temps de critique démocratique sans entrave des faits et gestes de tous les responsables, des temps où le niveau moyen de formation et d’instruction est élevé, il n’y a plus lieu de couvrir l’Église et l’autorité ecclésiale de manière à masquer et enjoliver les actions manquées (Gide a reproché aux catholiques leur facilité à mentir), mais il s’agit que le laïc aussi, là où il est compétent, les discute plus ouvertement que par le passé, et les défende si cela convient, ou s’en distancie si cela ne convient pas : que ce soit dans une discussion avec les autorités ecclésiales elles-mêmes ou en public. Il y a une coresponsabilité croissante des laïcs pour les actes de l’Église à la face du monde
Une fois seulement que la compréhension de la place et de la responsabilité du laïc aura été organiquement liée dans la conscience de l’Église à celle des vœux évangéliques en son sein, alors peut-être la richesse ultime du monde laïc se développera-t-elle à partir de celui-ci. Ceux-ci sont intimement liés pour toujours à la notion de plénitude de vie chrétienne et de moisson à cent pour un. Il s’agirait simplement d’enrichir d’une interprétation supplémentaire la façon de comprendre les vœux qui fut jusqu’ici prédominante, presque unique même dans l’histoire : celle du monachisme. La vie monastique est retirée du monde ; son rôle dans l’Église des temps passés et présents, en tant qu’avertissement, éclaircissement, aide d’en haut, demeure vivant et incontesté. L’Évangile n’est pourtant pas intrinsèquement monastique et ses indications ont une valeur bien plus large. Marie n’est pas religieuse mais elle est mère parce que vierge. Le Christ n’est pas moine mais il est roi parce que pauvre et obéissant jusqu’à la mort. Ce n’est pas par l’« action » catholique que le monde est sauvé, mais par la pauvreté, l’obéissance et l’exclusivité pour Dieu. Et pour correspondre à notre temps avancé, il faudrait que les catholiques apprennent à mieux comprendre comment la responsabilité dans le monde se concilie avec l’obéissance, l’utilisation des biens du monde avec la pauvreté, l’expérience du monde avec la virginité, il faudrait qu’en somme la fécondité ultime, même dans le domaine le plus personnel de la vie des laïcs, puisse être attendue justement à partir des conseils. Comprenne qui peut comprendre. Et peut comprendre celui qui ne pense pas de manière psychologique mais christologique, en obéissance à la Parole de Dieu. Ce que le Moyen Âge a fondé unilatéralement et provisoirement pour le soldat et l’infirmier doit aujourd’hui être étendu à l’ensemble des professions laïques, et ceci à partir des particularités et des problématiques propres à l’état laïc, non comme un appendice du monde monastique relevant du tiers ordre, ni non plus nécessairement au moyen d’une « consécration mineure » (le diaconat des laïcs), par laquelle les laïcs ainsi qualifiés risquent de devenir un appendice du clergé. La plénitude subjective de la suite du Christ réside dans les conseils ; et la vie des conseils a pour base une garantie tout aussi objective par le fondateur de l’Église que la plénitude du pouvoir objectif de la hiérarchie (Mt 19 et par.). Un état des conseils non cléricalisé dans l’Église offrirait la meilleure caution pour un équilibre vivant et contrebalancé. Mais il ne pourrait qu’être levain disparaissant, grain de blé dissous, et le fruit résultant (pour autant qu’il puisse être visible) devrait être constaté dans les laïcs ayant une famille, des biens et un pouvoir d’action, même dans le monde environnant non chrétien.
Le corps du Christ est et devient en même temps ; Paul le compare ainsi au corps humain qui grandit jusqu’à l’âge adulte en éprouvant et en manifestant ses propres forces sur la matière qui lui est apportée de l’extérieur. Le fondement et la structure de l’Église ne peuvent grandir ; la sphère de la vie le peut au contraire, et elle est formée en prépondérance par les laïcs. Les hommes du ministère (qui en tant que membres de l’Église ont à grandir comme tous les autres) sont les gardiens et les jardiniers de la croissance. Aux laïcs il revient d’être la croissance et la floraison, qui seule peut convaincre le monde de la vérité de l’enseignement du Christ.
- Dans le sens de l’« actuosa participatio » dont parlent Pie XI (Const. Divini Cultus, 9) et Pie XII (Enc. Mediator Dei) ; évidemment pas dans le sens où les croyants participeraient à la consécration ou devraient nécessairement apporter leur confirmation pour rendre une messe valide (Med. Dei, 94).↩
- Nous avons d’ailleurs en Suisse allemande une raison particulière pour appuyer notre propos. La vitalité du groupe d’artistes catholiques qui construisent aujourd’hui nos églises et les décorent, occupe cette place de façon singulière dans tout le monde catholique ; on peut dire qu’ils constituent le lieu unique où le catholicisme suisse possède à l’heure actuelle une signification et un rayonnement supra-national et même supra-européen, unique analogie catholique à l’impact mondial de la théologie protestante suisse. D’aucun autre domaine de la vie de l’esprit on ne peut, hélas, en dire autant.↩