Comme dans les autres Esquisses, dans ce volume aussi [dédié à l’ami philosophe Ferdinand Ulrich] il ne faut pas comprendre le titre à l’instar d’un chapeau qui recouvrirait un tout systématique, mais bien plutôt comme une sorte de leitmotiv que l’on réentend dans la plupart des essais dans des variations toujours nouvelles. Un seul texte fait retentir explicitement le motif, sans toutefois prétendre en épuiser les possibilités inhérentes.

La spécificité de ce volume, c’est que l’objet principal du livre est approché de différents côtés. Il surgit souvent à des tournants inattendus pour se présenter de nouveau sous les yeux du lecteur. Une lumière centrale est bien là, mais on n’en perçoit que les différentes irradiations. Peut-être qu’un esprit assoiffé de systématique, qui voudrait construire un tout à partir de fragments, pourrait disposer les tesselles et les assembler en mosaïque. L’auteur se méfie de ces entreprises, qui veulent extraire le mystère de son abri et le montrer sans voiles. Dieu habite dans sa lumière inaccessible.

Mais le thème autour duquel tournent, sans prétention, les essais de ce volume, est tout à fait central pour l’Église et les chrétiens d’aujourd’hui. La séparation des deux aspects que le titre réunit, Pneuma et Institution, est la cause de toute menace et paralysie du christianisme contemporain. Et parce qu’il est très difficile de réunir ces aspects une fois qu’ils ont été séparés, nous préférons les regarder à partir de la sphère originaire où ils sont entrelacés en se fécondant l’un l’autre éternellement. Une réforme ne se produit jamais en recollant des morceaux cassés. Bien au contraire, « c’est de la souche de Jessé qu’un rameau sortira, c’est de ses racines qu’un rejeton jaillira » (Isaïe 11,1).

Extrait de l’avant-propos