La thèse doctorale en Philosophie que Balthasar défendit en 1929 à l’Université de Zürich, republiée ici comme deuxième volume de la réédition des Écrits de jeunesse, peut être considérée comme une sorte de premier jet, en particulier au vu des deux premiers volumes de son Apocalypse de l’âme allemande. Regardant en arrière, il écrit en 1984, dans L’Institut Saint-Jean : « Quand je songe à mon sujet de dissertation [la thèse de doctorat] et à son développement dans L’Apocalypse de l’âme allemande, l’impulsion fondamentale en était le désir de “dévoiler” (apokalyptein veut bien dire dévoiler), dans les grandes figures spirituelles modernes de l’histoire allemande, l’attitude religieuse dernière, souvent cachée, et de les “confesser” en quelque sorte » (p. 30, tr. mod.), ce que Balthasar a fait en adoptant une méthode qui fasse appel à la philosophie et à la théologie pour expliquer leurs œuvres.

En 1945, le théologien se souvient, en souriant, de son audace de doctorant. Il évoque le « plan que j’avais conçu en étudiant téméraire, mais que je n’avais pas pu réaliser à cause de mes lacunes en histoire des idées. » Il lui faudra de fait encore dix ans de réflexion et de maturation pour réaliser son plan dans ce qui sera L’Apocalypse de l’âme allemande. Néanmoins, en lisant cette thèse de doctorat, le lecteur sera surpris par la quantité de citations, de matériaux littéraires à perte de vue que le jeune Balthasar a déjà réussi à embrasser et à ordonner.